Charrues et autres instruments de culture en France au XVIIIe siècle
(Planche de l'Encyclopédie Diderot)
Dans son Journal de voyage en Perse,
il n'omet pas de décrire les cultures qu'il observe. Je cite
brièvement dans mon livre son observation des pasteurs arabes nomades
qu'il rencontre dans le désert lors de son voyage d'Alep à Bagdad. Voici
exactement en quels termes, il le fait :
"
Lorsqu'ils trouvent un lieu fertile et de l'eau, ils y passent tout
l'été, ensemencent les terres en orge, coton, pastèque, sésame. telle
était la culture de tous ceux que j'ay rencontré dans les différentes
herborisations que j'ay fait à des distances assez éloignées d'Alep ; le
seul instrument de cette culture est un soc emmanché sur un morceau de
bois, dans ce même morceau de bois est ajouté par une mortaise un autre
[morceau de bois] d'une seule pièce qui répond à ce que nous appellons
les mains ou manches de la charue, on y ajoute la perche ou haye de la
charue, à laquelle sont attelés deux vaches ou deux (boeufs) taureaux,
car on connaît pas les animaux châtrés en Arabie ; il seroit un
déshonneur de monter sur un cheval hongre [= castré] ".
Journal de voyage en Perse d'André Michaux
(© R. Pluchet avec l'autorisation de la ßibliothèque de Versailles)
Ce
type de charrue simple, ou araire, qui fend la terre sans la retourner
est le seul connu à l'époque , en dehors des pays Européens et des
États-Unis, mais dans ces derniers pays, et en France, en particulier,
il est encore utilisé pour certains usages à côté des charrues à versoir
qui retournent la terre. Son Journal de voyage étant incomplet,
la partie concernant la Perse ayant disparu, et la plupart des lettres
de Michaux au sujet de ce pays ayant disparu, je n'ai pu citer dans mon
livre que quelques observation sur les cultures en Perse. Mais depuis
la parution de ce livre, j'ai découvert une description d'une charrue
persane, qu'il a donné à son ami l'agronome Charles de Lasteyrie, avec
un dessin, de la main de Michaux. Lasteyrie a reproduit cette courte
notice et ce dessin dans le tome 2 d'une encyclopédie qu'il a fait
paraître en 1820, sous le titre : Collection de machines, d'instrumens, ustensiles, constructions, appareils, etc.
En raison de sa complexité technique, je n'ai reproduit qu'une partie de la description qui montre bien tout l'intérêt qu'a porté Michaux à une charrue simple, mais probablement déjà plus élaborée que celle observée en Syrie. Cet intérêt se situe à une période, la fin du XVIIIe siècle, qui voit se développer les recherches sur les charrues, recherches qui vont se multiplier au XIXe. Quelques décennies après André Michaux, son neveu par alliance Vincent Charlemagne Pluchet (qui a épousé Geneviève Michaux, la fille de son frère) sera à l'origine d'une charrue réputée et utilisée dans les campagnes d'Île de France jusqu'au début des années 1950. (Photo à venir....).
« Nous donnerons ici la description de la charrue
persane (fig.25) qui nous a été communiquée par M. Michaux père, qui l’avait
dessinée aux environs de Erzerum. »,
écrit Lasteyrie. Erzerum étant en Turquie où Michaux n’est pas allé, il s’agit
très probablement d’une confusion de Lasteyrie avec Kazerun, ville traversée
par notre botaniste, à mi-chemin entre le port de Bouchehr, sur le golfe Persique, et Chiraz.
« La charrue persane diffère des charrues
indiennes et arabes, en ce qu’elle présente un manche composé de deux montants comme
celle d’Égypte, tandis que dans les deux autres, le second montant a peu de
longueur, et il est seulement destiné à tenir la flèche au sep. Cette charrue
est composée d’un sep long de 50
cm (18 pouces) et large de 13 (5 pouces). Il est un peu bombé dans la partie
supérieure. Le soc a 22 cm (8 pouces) dans sa longueur totale.(....).
Elle prend une inclinaison
plus ou moins grande, au moyen de quatre chevilles qui la maintiennent sur les
montants. On lui donne cette inclinaison en garnissant l’espace compris entre
elle et les chevilles d’un ou plusieurs tours de corde.
(...) Cet instrument, destiné aux terrains légers, est tiré par
un bœuf, un cheval ou un âne. L’animal, ainsi que le conducteur marchent sur la
partie du sol qui n’est pas labouré. Ce dernier, placé sur le côté des
montants, appuie la main droite sur la traverse, et tient les guides de la main
gauche ; celles-ci sont attachées à un trou pratiqué au haut du montant
antérieur. »
En raison de sa complexité technique, je n'ai reproduit qu'une partie de la description qui montre bien tout l'intérêt qu'a porté Michaux à une charrue simple, mais probablement déjà plus élaborée que celle observée en Syrie. Cet intérêt se situe à une période, la fin du XVIIIe siècle, qui voit se développer les recherches sur les charrues, recherches qui vont se multiplier au XIXe. Quelques décennies après André Michaux, son neveu par alliance Vincent Charlemagne Pluchet (qui a épousé Geneviève Michaux, la fille de son frère) sera à l'origine d'une charrue réputée et utilisée dans les campagnes d'Île de France jusqu'au début des années 1950. (Photo à venir....).
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